Colloque Hors des mots – La recherche en architecture à l’épreuve du dessin – Lyon Communication de Lucile Cornet Richard

Programme du colloque : https://horsdesmots.sciencesconf.org/resource/page/id/8

L’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon a accueilli le 30 novembre et 1 décembre 2023, le colloque international Hors des mots. Dans ce cadre, Lucile Cornet Richard a partagé une communication intitulée : « En dessinant les sols : architecturations (Mathias Rollot) conviviales des sols des collèges de Seine Saint Denis », présentant différentes manières d’envisager le dessin avec les adolescent.es dans le cadre de sa thèse de recherche-création, menée en CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche ) avec le Conseil Départemental de la Seine Saint Denis.

Faisait notamment partie du comité scientifique : Antoine Begel, Gabriele PIERLUISI, Chris Younes, Artur Simoes ROZESTRATEN…

L’ensemble du comité scientifique : https://horsdesmots.sciencesconf.org/data/pages/AAC_Chercher_hors_des_mots_fr.pdf

Actes du colloque à venir.

Résumé : 

Cette proposition de communication s’écrit dans le cadre d’une recherche-action menée au sein du Conseil Départemental de la Seine Saint Denis, en thèse CIFRE, entre les services de la Maîtrise d’Ouvrage des Collèges et du Projet Éducatif et de la Jeunesse. Elle s’inscrit dans l’axe 3 : Le dessin-médiateur.

Par la  pratique du design, nous proposons et questionnons les liens entre le sol des collèges et les pratiques pédagogiques expérientielles en Seine Saint Denis. Apprendre et habiter sont des processus qui appellent l’expérience de son milieu. Il s’agit d’explorer les liens entre ces deux gestes, d’observer la relation – ou collision – entre l’architecture et la pédagogie. Cette recherche a pour point de mire les manières de situer l’apprentissage : comment l’affinité, la “mise en correspondance” des programmes architecturaux et pédagogiques, peuvent le permettre voire l’induire et viser l’encapacitation et le bien-être des adolescents dans leur milieu.  En pensant le Collège comme un jardin, nous empruntons les méthodologies de projets proposées par la permaculture, pour penser l’aménagement ou la (re)construction de collèges afin d’inclure tous les adolescents et l’ensemble des relations qui y cohabitent. 

La construction d’un collège (entendu comme période, institution, habitat, génération)  engage techniquement, politiquement et physiquement une multitude d’interlocuteurs n’ayant pas la même échelle spatio-temporelle d’expertise et de projets. Dans la vie du lieu, les collégiens, qui représentent par leur nombre, par la répétition et la durée de leur occupation des lieux, les usagers les plus “centraux”, sont pour l’instant exclus ou loin des prises de décisions impactant le projet architectural. Il s’agit de pouvoir les inclure dans la conception du collège dès l’élaboration des diagnostics (fig.1) et cahiers des charges, préalables à l’esquisse du projet.  Les points suivants détaillent succinctement des manières de “faire avec” ces collégiens, experts de leurs besoins et de ce lieu, par l’usage quotidien qu’ils en font. 

En considérant le dessin successivement comme outil de rencontre avec les adolescents, de dialogue entre ces derniers et l’administration puis de recherches plastiques collectives, nous partagerons 3 récits de projets aux chronotopies bien distinctes, engageant une diversité d’habitants et de langages. Nous tentons par ces dessins de trouver des moyens de communication, d’échange et de construction d’un récit commun au sein du collège. Celui-ci échappe aux discours politiques et détourne les langages oraux ou écrits lorsque ceux-ci ne sont pas communs ou partagés aisément en raison de différences de culture, de génération, de disciplines… Nous utilisons le dessin comme outil de traduction, entre l’administration, ses outils et objets techniques (plans, coupes, cahiers des charges et foules d’acronymes) et les adolescents qui habiteront ces nouveaux collèges. Nous verrons que cela peut prendre la forme de scénarii, d’illustration, de schémas – des formes collectives de récits donc, réalisés pour s’approprier le projet : un futur habitat. Nous partagerons la manière dont les dessins des adolescents sont montrés, ce qu’ils nécessitent à leur tour de médiation pour “remonter” vers l’administration du Conseil Départemental. 

Ces dessins, comme discipline, moments et objets, sont nécessaires pour les adolescents, d’un point de vue pédagogique, architectural et politique dans la construction des collèges et peut être particulièrement en Seine Saint Denis. Faire son propre récit du lieu et en produire une histoire commune. Dessiner le dessein, pour s’inscrire dans le lieu, se projeter soi avec les autres.