Damien Schoëvaërt-Brossault : La Lumière et le vivant

Maitre de conférence Université Paris-Sud-Saclay

Praticien Hospitalier

Rencontre le 11 janvier 2023 au sein du groupe de recherche Symbiose.

La lumière, source de vie

La vie n’a de cesse de se réinventer face à la lumière qui pour elle est non seulement une source d’énergie, de chaleur et d’information mais également une manière de communiquer.

Sur terre les premières bactéries pourpres et sulfureuses apparaissent il y a 3.5 Milliards d’années, puis apparait la bactériochlorophylle verte qui sait conserver l’énergie solaire. Le monde végétal se met en place. Mais la terre se couvre de méthane (blanc) gelant l’ensemble il y a 2 milliards d’années. Puis une nouvelle bactérie va inverser le mouvement, le gaz carbonique va donner une respiration à la terre, une couche d’ozone se forme, le monde végétal et le monde animal naissent. Capter l’énergie solaire, les végétaux sont les premiers à le faire.

La lumière, source de mort

La lumière détruit l’ADN, l’ultra-violet (780 nanomètres) endommage. A l’inverse la lumière aide à réparer les dégâts causés par la lumière : la vitamine D que nous absorbons du soleil entraine l’endomorphine et la mélanine, sources de plaisir.

La lumière interroge le monde

Quand ? Où ? Quoi ? Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Une des actions du soleil sur le vivant est la boussole solaire, pour l’humain il s’agit de l’horloge solaire fonctionnant grâce aux cryptochromes existant au fond de l’œil qui voient l’ambiance bleue.  Notre glande pinéale synthétise la mélatonine.

Le premier œil apparait chez l’Euglène (algue) dont les chloroplastes réalisent la photosynthèse.

L’évolution de l’œil crée l’œil sténopé (du Nautile). L’œil va s’inventer trois fois : œil à lentille (seiche), œil à miroir (coquillages crustacés), œil à tubes (insectes), ce dernier possède la faculté de suivre les méridiens et n’est jamais ébloui par le soleil.

Voir avec la matière à penser

Chez les vertébrés le cerveau se forme en gouttière neuronale et tube neuronal avec le globe optique (l’œil). Dans celui-ci les batônnets lisent la luminosité (chaque bâtonnet = 500nm =1 photon) et les cônes (420 nm) voient les couleurs : Bleu 420 nm Vert 535 nm, Rouge 565 nm, ils ont une sensibilité de 100 photons. Le cerveau analyse la luminance, la teinte et la saturation.

Il y a 800 millions d’années les premières rétines sont monochroïques, sensibles au bleu uniquement, puis celle des dinosaures devint dichroïque (sensible au bleu et jaune). La rétine trichroïque ajoute le rouge, on obtient le RVB. La couleur des fruits va répondre à cette sensibilité. D’autre part la coloration animale va se parer de toutes les stratégies d’apparition et de disparition, de transformation devant le mimétisme qui modifie le corps en véritable organe optique.

La tortue possède une incroyable vision colorée, elle est pentachroïque. Comme une mémoire photique, l’humain aurait des récepteurs très sensibles au bleu et au vert sous la couche de neurones dans l’œil, d’où une sensibilité à l’immersion lumineuse.

L’œil fonctionne comme un projecteur, il rend le visible lisible. La nature va se plier à nos comportements, devenir un alphabet du désir, créer des songes. Le monde va se moduler.

Où ?

Dans la fovéa, il y a une matière à penser, des morceaux de cerveau. La vision rétinienne voit les contours. La rétine corticale (Cerveau Aire 17) voit par petits traits ou hachures. L’hypercube décode l’image en hachures.

Perception-Action, comment s’y prendre ?

A la vision il faut introduire le tactile pour sentir la forme et la matière, pour cela on creuse la main.

  • La lumière est source d’information

Le cerveau génère des formes. Nous voyons et agissons avec les 36 formes bi-dimensionnelles ou tri-dimensionnelles (cercles, rectangles, cylindres ou briques) nommées Géons, grâce au cerveau gauche qui observe et les reconnait. Les formes que nous voyons dans notre environnement sont des assemblages de Géons.

Le cerveau droit (cerveau de l’action) voit le contexte grâce à sa vision globale, grâce au ‘holon’ ou système d’ensemble /partie. Le cerveau droit regarde la relation entre les éléments, il est spécialisé dans les émotions. Ainsi une double analyse complémentaire de notre cerveau s’effectue.

Conclusion

L’être émerge d’une alchimie lumineuse.

Synthèse de l’intervention de Damien Schoëvaërt-Brossault par Nathalie Junod Ponsard

Bibliographie

  • L’œil qui pense : visions, illusions, perceptions. Shepard. Ed. Seuil, 1992
  • La perception visuelle : physiologie, psychologie, écologie. V.Bruce, P.Green. Ed. PUG, 1993
  • La transparence de l’œil. Yves Pouliquen. Ed. Odile Jacob, 1991
  • La science des illusions. Jacques Ninio. Ed. Odile jacob, 1998
  • L’œil, le cerveau : la psychologie de la vision. Richard L. Gregory Ed De Boeck Université, 1998

BIOGRAPHIE

Damien Schoëvaërt-Brossault maitre de conférences de l’université Paris Sud, praticien hospitalier en Andrologie.

Il a créé et dirigé, à l’institut Universitaire de l’hôpital Saint Louis, une unité de recherche sur la dynamique des cellules vivantes et la reconnaissance des formes par Intelligence artificielle.

Il est l’initiateur du groupe de travail « voir et produire des images d’art et de science » de l’université Paris Sud et organise de nombreuses rencontres entre artistes et scientifiques. Graveur par sa formation familiale, il est aussi l’initiateur d’une pratique particulière sur scène « le pop-up marionnettique ».