Festival d’Avignon, lecture performance de Lucile Cornet–Richard – 16 juillet 2023

« Pour la troisième année consécutive, le programme SACRe de l’Université PSL et l’École supérieure d’art d’Avignon organisent deux journées de rencontres en recherche-création dans le cadre du Festival d’Avignon, questionnant la place des publics éloignés du milieu de l’art dans les dynamiques de création collective, à l’aune d’une réflexion sur les « savoirs situés », la responsabilité de l’artiste et la réciprocité des échanges. Que signifie « faire œuvre avec » ? Comment déployer des gestes artistiques qui encouragent l’accueil de paroles autres sans les instrumentaliser ? Comment protéger ces paroles de diverses formes de récupérations ? Comment décentrer les pratiques et les savoirs ? »

Titre du cycle d’interventions : « Créer avec les publics, décentrer les savoirs » – Avec SACRe et l’École Supérieure d’Art d’Avignon

Lors du festival d’Avignon, au Cloître Saint Louis, Lucile Cornet–Richard a présenté dans le « in » : une lecture performance intitulée « Exercice d’anamnèse : entre le sol et la page« 

 » « Rien ne me sépare de la merde qui m’entoure. » (Despentes, 2020) et alors qu’en faisant cette thèse de recherche-création « Je m’intéresse à deux types de surfaces auxquelles nous avons affaire à chaque instant de nos vies quotidiennes : la page et le sol. » (Ingold, 2020) – Je comprends que ni le sol, ni la page  » ne me sépare de la merde qui m’entoure. C’est à dire ni ma pratique artistique, d’architectures, ni mes appétits théoriques ne peuvent et ne doivent me séparer de la merde qui m’entoure. (Je commence ce texte en mai, et ces mots se sont épaissis ces dernières semaines). Alors que « la vie est inquiète » la vie amoureuse, éducative, écologique « le sol tremble sous nos pas. » écrit Pontalis, philosophe et psychanalyste. Je me demande comment améniser, c’est à dire rendre les sols « aimable, agréable, hospitalier », spécifiquement ceux des collèges – pour améliorer le climat scolaire, avec mes idées, mon corps : ma pratique de recherche-création?

Le d’où nous parlons, peut être considéré comme un sol : géographique, disciplinaire, imaginaire. Ces deux surfaces, la page et le sol, sont témoins de transformations, qu’elles soient psychiques ou des expériences physiques sensibles. La recherche-création met en relation la page et le sol en ce qu’elle demande de traduire l’expérience vécue sur le sol en laissant trace sur la page et inversement ce qui s’écrit donne à voir et entendre ces expériences. 

Alors que le design situé, ancré, local, mésologique, du milieu, du territoire, – faire avec le déjà là, les matériaux in situ, les savoirs faire des habitant.es, artisans locaux – sont des expressions et méthodologies pour lesquelles nous, designers, avons un grand engouement. Mais il n’y a pas que les matériaux de situés. Les corps peuvent l’être. notamment lorsque les expériences personnelles deviennent des matériaux, des ressources, si elles sont connues et considérées.

Je me demande en quoi une anamnèse en recherche-création est-elle nécessaire pour initier une collaboration éthique avec des adolescent.es en Seine-Saint-Denis ? en quoi elle permet de poser les bases d’un travail pour un sol émancipateur ? Pour cela je tisserai des liens notamment entre le travail de Donna Haraway et le texte de Tim Ingold intitulé Texture de la surface : le sol et la page. Ce que je vous partage est en deux parties: Anamnèse puis Aménise. » (extrait – début de l’intervention)

https://festival-avignon.com/fr/edition-2024/programmation/creer-avec-les-publics-decentrer-les-savoirs-349104

Collaboration mise en scène : Fanny Sauzet fannysauzet@hotmail.fr

Regard extérieur : Louise Rustan (créatrice et régie lumière, régie générale) louise.rustan@lilo.org et Sarah Fortin (ingénieure du paysage)

Crédits photos : Eline Grignard et Rémi Sagot Duvauroux