Université de Bordeaux Montaigne : L’usage des technologies de santé et des soins (Telecare) à destination des personnes âgées en perte d’autonomie : quels impacts sur les professionnels et les territoires ?
Technologies et gérontologie : nouvelles figures du soin, responsabilités amplifiées ?
Cet axe propose de questionner l’impact des nouvelles technologies sur les interactions liées à l’aide et aux soins aux personnes âgées entrant dans le quatrième âge, ou en « perte d’autonomie ». Permettent-elles de valoriser l’accompagnement au vieillissement de manière inclusive ou, au contraire, conduisent-elles à opposer « chaleur » du care et « froideur » des technologies (Moser, Pols, 2009), de sorte à (re)produire des conditions d’exclusion et d’isolement ? En d’autre termes, nous proposons d’interroger l’impact des évolutions technologiques sur l’« écosystème » de l’aide et des soins, formé par la personne âgée, ses aidants formels et informels, ainsi que tout intervenant professionnel, à domicile ou en institution. Ces innovations technologiques, visant en quelque sorte l’abolition du temps et de l’espace, rendant potentiellement visible à tout moment et en tout lieu, via des applications mobiles, ce qui ne l’était pas jusqu’alors (une détection de chute en temps réel, un suivi de constante immédiatement accessible aux soignants, etc.), conduisent-elles les personnes concernées à endosser de nouvelles responsabilités ? L’injonction à l’autonomie analysée par certains auteurs dans le travail social et soignant (Thalineau, 2009 ; Baszanger, 2010 ; Alberola, Dubéchot, 2012), se verrait-elle, par le truchement des dispositifs technologiques, paradoxalement amplifiée et élargie aux personnes « en perte d’autonomie », ainsi qu’à leurs aidants et soignants ? La responsabilisation individuelle, résultant soit de l’accès à l’information par l’outil numérique, soit de l’obligation, réelle ou supposée, d’en partager par ce même canal (ou « injonction à la communication »), relève-t-elle d’un « mécanisme opérant une dévolution vers les individus eux-mêmes d’un nombre illimité de responsabilités […] transformant ainsi les « causes » en « fautes » » (Martucelli 2004 : 490) ?
Céline Guilleux
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