Le 8ème colloque, Santé, Marseille, à la KEDGE Business School
Luc Perera / Pierre Jouvelot
13 juin 2019
Le 8ème colloque KEDGE Santé s’est déroulé sur deux jours, du lundi 20 au mardi 21 mai 2019, à la KEDGE Business School, à Marseille. L’intitulé du colloque était « Innovons pour innover : savoir mobiliser de nouveaux outils conceptuels et méthodologiques pour transformer durablement le champ de la santé », et le domaine fédérateur était la santé. Il était dirigé par le professeur C. Grenier de la KEDGE Business School. Nous proposons ici un court résumé de notre présentation, ainsi qu’un compte-rendu des autres présentations auxquelles nous avons assisté.
Nous avons présenté lors de ce colloque notre recherche «Vers une nouvelle approche méthodologique de recherche interdisciplinaire par le design : le projet Tala Sound, une étude de cas en design social ». Nous avons d’abord expliqué notre positionnement par rapport à l’innovation par le choix de la musique indienne comme outil de médiation en lien avec la santé. Nous avons montré que notre travail se transformait en design social, car nous incluions une collaboration avec un lycée en zone d’éducation prioritaire, et avons insisté sur son caractère interdisciplinaire. Cette recherche non seulement englobe différentes disciplines mais donne aussi du sens grâce à un objectif social.
Globalement, quatre thématiques avaient été sélectionnées pour le colloque. La première thématique était « Innover et diffuser ». Ce thème était fondé sur la notion de diffusion par l’idée, par le réseau ou bien dans un secteur institutionnalisé. Ce groupe était dirigé par C. Grenier et E. Oiry. Il portait également sur le management utilisant des outils collaboratifs et des modalités d’accompagnement managérial. Nous avons assisté à une présentation du professeur S.Williams, qui s’occupe du centre Swansea (UK) pour l’amélioration de la protection sociale et des fondations en Angleterre. Pour la diffusion sur support papier a également été présentée la revue Santé RH par J. Lartigau, ancien directeur d’hôpital et docteur en sciences de gestion.
La deuxième thématique, « Innovation, participation et co-construction sous contraintes ou les paradoxes de l’action publique de santé », portait sur la participation des patients, usagers et autres citoyens dans le secteur médical. Elle est de plus en plus présente sur tout ce qui concerne la co-construction. Le thème était coordonné par H. Hudebine, N. Hashar-Noé et J.-C. Basson. Nous avons eu la présentation de D. Wannemacher, qui a observé le concept d’espace de discussion de l’activité d’un bloc pendant l’utilisation d’un robot-assistant dans un CHRU de la région Grand Est. Ils ont filmé cette activité et ont réalisé des entretiens avec les membres de l’équipe. Ils se sont rendu compte que le silence organisationnel était néfaste pour les opérateurs, par peur des répercussions négatives. Pour répondre à ce problème, D. Wannemacher a proposé de réinstaurer des espaces de débats pédagogiques. Il y eu également « L’UniverCité du Soin, espace de transformation pour une transformation des espaces et des pratiques », de L. Flora et J.-M. Benattar. Ce projet a commencé en 2015 avec des débats éthiques entre étudiants en médecine et la Maison de la médecine et de la culture, puis avec le lancement d’Art du Soin en 2018 et l’élaboration d’une équipe pluridisciplinaire entre citoyens, patients, étudiants et médecins. Enfin, en 2019, un diplôme de patient formateur et partenaire dans la formation des études en 4ème année de médecine a été créé.
La troisième thématique, menée par F. Giordano et F. Silva, portait sur les « Nouveaux métiers, nouvelles compétences ? » ; l’idée était de repenser les métiers et les compétences du futur dans le domaine médical. Pour ce sujet, nous avons vu les résultats de recherche de E. Vinçotte, « Une analyse par les scripts de service d’un dispositif d’accompagnement de la prise en charge d’enfants lors de leur anesthésie ». Il s’agit là d’un serious game : « Le héros, c’est toi ». Le dispositif permet de rendre l’enfant conscient de sa prise en charge médicamenteuse, mais aussi de lui faire comprendre, d’un point de vue ludique, l’objectif de l’opération. Ainsi, il s’identifie comme un héros pour se diriger vers le bloc opératoire, et le personnel soignant n’est donc pas confronté à la panique ou au stress. Par ailleurs, le rôle de l’infirmière anesthésiste devient également celui de formatrice et d’accompagnatrice de jeu.
Le quatrième thème, « Quelles qualités de vie au travail », était coordonné par S. Brunet et J.-P. Brun et portait sur le mal-être au travail, la pression économique, le burn out ou la démission. Pour ce sujet, nous avons pu voir ce que représentait le fait d’être présent au travail malgré un arrêt, avec Berthe B. et Dumas M, dans « Une analyse des émotions comme facteurs de présentéisme au travail du personnel soignant » ; on note, en effet, que du personnel censé rester chez soi suite à des erreurs ou à un burn out revient au travail à cause d’un sentiment de culpabilité. Nous avons également écouté la recension de la recherche de C. Damien, « Souffrance au travail, éthiques du care et espaces de discussion dans le domaine de la santé », une recherche-action comprenant 25 entretiens auprès de soignants, effectués pendant trois mois. C’est à partir de cette enquête qu’a pu être repéré le fait que les espaces de discussion, formels et informels, et toutefois le manque d’échange, ne permettent pas de faire un « Bon Care », ce qui engendre la maltraitance. Le résultat est de démontrer l’importance de la discussion sur le travail et dans des espaces informels.
Le dernier thème était « Design et Innovation en Santé », coordonné par S. Paixao-Barradas et M.-J. Catoir-Brisson. Nous avons pu voir « L’approche méthodologique du design pour élaborer une plateforme de surveillance crowdsourcing sur Ebola au Zaïre », par O. De Saint-Julien, C. Grenier et S. Paixao-Barradas. Leur objectif était de collecter des données environnementales sur les symptômes de cette pathologie dans des zones contaminées, une recherche participative à partir d’expériences et de rencontres. Les résultats ont été quantitatifs et qualitatifs par l’observation, la narration et le storytelling. Toutes les données étaient enregistrées. Puis une analyse des données par Machine Learning, réparties en données environnementales, sociétales, comportementales et médicales, a pu être effectuée.
Puis il y eut la présentation du travail de B. Pauget B. et A. Dammak, « L’introduction des objets connectés en santé : illustration à partir d’une maison de retraite ». Il s’agit là d’une étude analytique dans différents Ephad de Tunisie et de France sur le rôle et l’utilité des objets connectés. Ils sont actuellement dans une phase d’observation et d’étude sur leur impact. Nous avons eu également « Un MOOC pour rénover nos services de soins ? Un questionnement collectif et interdisciplinaire », par O. Bory, du Centre de Recherches Interdisciplinarités, qui avait introduit un MOOC pour diffuser des informations sur la santé via internet afin de créer des liens pédagogiques interdisciplinaires. Nous avons aussi pu entendre les recherches de I. Abbes et R. Marwa, « Les communautés virtuelles de consommateurs, un nouveau canal promotionnel pour l’industrie pharmaceutique » : leur projet était de mettre en place une étude analytique dans un réseau social en ligne.
Pour finir, nous tenons à remercier toute l’équipe de la KEDGE Business School pour leur accueil et leur invitation, de même que M.E. Mahé, Directeur de la recherche d’EnsadLab, et Patrick Renault, maître de thèse de L. Perera, pour leur soutien logistique et leurs encouragements.