Design sonore et santé au Mans 6 décembre 2019.

Journée d’étude Design sonore et santé, au Mans, 6 décembre 2019

Une journée d’étude organisée au Mans le 6 décembre par l’Ecole supérieure d’art et de design était orientée sur la question du soin à l’hôpital dans sa dimension architecturale et sonore. Ce domaine soulève de nombreuses interrogations au niveau des patients, des familles, du personnel soignant et du design sonore. Nous étions invités en tant qu’observateur analytique et critique sur la mise en place des dispositifs sonores dans le domaine de la santé.

Journée d’étude sur l’Art du So(i)n, Le Mans, 6 décembre 2019.

Trois grandes parties étaient présentées par Olivier Houix, membre de l’équipe Perception et design sonore de l’IRCAM (Institut de Recherche et Coordination Acoustique Musique) et enseignant à l’Ecole supérieure d’art et de design TALM (Tours Angers Le-Mans) avec son collègue Miguel Mazerie, docteur en anthropologie sociale.

1. Objet et sujet du soin

Il y eut d’abord une présentation de Pierre-Louis Laget, conservateur en chef du patrimoine Nord-Pas-de-Calais, qui nous a expliqué l’histoire de l’architecture des Hôpitaux de Paris, avec la transformation de l’espace liée aux maladies du XVIIème au XXIème siècle.

2. Méthodologie, expérimentations et mesures

Pierre Jeannin, médecin gériatre, et Frédéric Voisin, créateur sonore, nous ont présenté « Les madeleines sonores : installation sonore permanente, une variété de paysages sonores biographiques et auto-poétiques pour la stimulation cognitive de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ». Leur recherche consistait à mettre en place dans les couloirs de l’Ehpad Grégoire Direz, à Mailly-le-Château, dans l’Yonne, un environnement sonore composé de quelques sources sonores diffusant dans la journée près des fenêtres, ou alors un environnement propice à la médiation et à la contemplation des paysages.

Le 2ème projet était porté par Carine Delanöe-Vieux et de Marie Coiré, toutes deux designers. Elles ont encadré un atelier en 2017 pour les étudiants en 3ème année en Design sonore à TALM. Ce dispositif était également suivi par des enseignants et des chercheurs Ecole nationale supérieure de Création industrielle (ENSCI), IRCAM et TALM. Les étudiants avaient comme objectif d’imaginer des propositions pour des personnes soignées dans des hôpitaux en psychiatrie et en neurosciences. Ils avaient imaginé 8 projets qui répondaient à des critères émotionnels pour se sentir mieux et se sentir rassuré. Ainsi, les étudiants ont collaboré avec les différents services et ont proposé des scénarios d’usage qui interrogent le quotidien. Ils nous ont ainsi présenté en format PowerPoint différentes propositions sous forme graphique, comme l’utilisation d’un smartphone ou d’un dispositif personnalisé qui réponde aux souhaits et préférences de chaque utilisateur, ou un autre dispositif qui soit capable d’enregistrer des données sur l’humeur du patient. 

3. Le patient et le soignant

Nous avons ensuite eu le témoignage des patients qui sont membres de l’association Maison du patient, à proximité de la clinique Victor Hugo, au Mans. Ce sont des patients qui viennent en soutien aux malades mais aussi aux familles. L’association a été créée en 2010, et elle vient d’être certifiée en janvier 2018 par la Haute autorité de santé. Ils organisent des réunions d’information et participent à la sensibilisation aux problèmes liés au cancer. Ils nous ont témoigné des bienfaits de la musique et des espaces calmes. C’est dans cette clinique que deux étudiants de TALM le Mans avaient fait un stage en cancérologie au centre Jean Bernard. Ce stage était dirigé par Roland Cahen (ENSCI) et Nicolas Misdariis (IRCAM). Les étudiants ont présenté leurs recherches sur l’amélioration de l’accueil et des séjours des patients àl’hôpital psychiatrique en utilisant du son et de la musique.

Enfin, Antoine Charon nous a présenté une expérimentation sonore réalisée pour les patients qui doivent attendre avant de passer au bloc opératoire. Il s’agissait d’un dispositif dans lequel le patient pouvait écouter une suite de musiquescomposées par le designer sonore. Toutefois, en faisant une étude qualitative, ils se sont rendu compte que les patients préféraient finalement attendre sans musique.

Bilan

Cette journée a été dense et instructive pour notre démarche expérimentale d’un point de vue médical et sonore. Nous nous sommes rendu compte que le patient et la famille formaient le centre névralgique pour les expérimentations. Le design sonore ne s’applique donc plus seulement aux domaines du transport, du loisir et de l’architecture. Maintenant, il se présente comme source sonore dans le domaine thérapeutique, aux niveaux aussi bien cognitif que corporel. On revient ainsi vers ce principe essentiel qu’est la notion de l’écoute environnementale et culturelle. C’est dans cette problématique contemporaine que notre propre recherche, « Tâlas médical, Esthétiques des sons carnatiques contemporains et dispositifs interactifs de design sonore médical », s’inscrit. Nos recherches pluridisciplinairesessayent de répondre aux questions de la journée d’étude du Mans, qui pouvaient se résumer à « Comment peut-on aider les patients à mieux vivre en utilisant du son ou de la musique ? ».

Pour finir, nous tenons à remercier M.E. Mahé, Directeur de la recherche d’EnsadLab, et Pierre Jouvelot et Patrick Renault, encadrants de thèse de L. Perera, pour leur soutien logistique et leurs encouragements.